Louis-Jean Cormier
Ex chanteur-guitariste du groupe rock québecois Karkwa, Louis-Jean Cormier a une voix et une sensibilité qui ne demandaient qu’à s’exprimer en solo. Après un premier album en 2012 Le treizième étage, Louis-Jean Cormier revient en 2016 avec un second opus Les grandes artères. Auteur, compositeur, interprète prolifique, Louis-Jean Cormier parle des chemins, routes, boulevards qui servent de décors à ses chansons, mais aussi de celles qui mènent au cœur. Au carrefour de la chanson et du rock, le Québécois (ex-Karkwa) compose une folk orchestrale ponctuée de sensibilité, pour un moment d’apesanteur, en état de grâce comme en témoigne le premier extrait Si Tu Reviens.
L’avenir de la chanson française se joue à Montréal. Si pendant trop longtemps on a cru que le Québec n’avait à offrir que des chanteurs ou des chanteuses qui s’époumonaient en grimaçant tout leur saoul, une ribambelle de jeunes artistes audacieux est venue nous remettre fissa sur le droit chemin depuis quelques années : ils s’appellent Ariane Moffat, Malajube, Pierre Lapointe, Monogrenade, Cœur de Pirate, Pas Chic Chic ou Karkwa et ils nous ont montré qu’on pouvait finalement chanter en français sans pour autant négliger la musicalité, et donc la musique. Post-rock, electro ou pop, notre sacro-sainte variété française s’est ainsi vu offrir quelques liftings intelligents qui l’ont enfin propulsée dans le XXIème siècle. Louis-Jean Cormier, le chanteur/guitariste de Karkwa, bouscule à nouveau les codes avec son deuxième album solo, « Les Grandes Artères ».
Le monsieur est déjà une véritable vedette dans la Belle Province avec trois Félix (l’équivalent de nos Victoires) et un disque d’or pour chacun de ses disques sous son nom. Le voici désormais à la conquête de l’Hexagone, armé de treize chansons taillées pour tout emporter sur leur passage.
Cormier a la plume affûtée et sait raconter les colères et les rêves de sa génération (difficile de ne pas deviner le Printemps Erable derrière « La Fanfare ») mais il sait surtout sculpter une pop pastorale qui nous rappelle qu’il a les mêmes paysages sous les yeux que ses voisins d’Arcade Fire (écoutez par exemple le superbe « Si Tu Reviens »). Les grands espaces résonnent dans tout le disque dans une sorte d’americana à la Calexico privé de ses mariachis. Il y a sans doute aussi du Tunng ou du Radiohead derrière certains arrangements (l’envolée grandiose de « Le Jour Où Elle M’A Dit Je Pars »).
On avoue cependant qu’on n’avait pas vu venir ce gimmick synthétique dans le refrain de « Tête Première » et qu’on ne l’avait encore moins imaginé se fondre dans ces cuivres majestueux. Du travail d’orfèvre pop ! Sur scène, Louis-Jean Cormier et sa gang n’ont jamais peur de pousser les guitares dans le rouge, comme pour rappeler que Montréal avait déjà aussi sauvé le post-rock avant la chanson française. Des grandes artères où coule du sang neuf donc.
site officiel de Louis-Jean Cormier : www.louisjeancormier.com/